Photos de Laurent Mallet

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Le Grand Cerf est mon plus beau souvenir de chasse en Sologne.
Un jour où j’étais posté, la neige avait commencé à tomber.
Indifférent et hautain, un majestueux dix-cors traversa l’allée au pas.
Je fis une autre rencontre merveilleuse un matin de novembre sur les bords de la Loire.
Là, ce fut un cygne qui sortit de la brume et passa devant moi avec la même indifférence.

Ce qui caractérise mon enfance, ce n'est pas le complexe d'Oedipe, c'est le syndrome de Bambi. Pas de père connu pour Bambi (comme pour le Grand Meaulnes d'ailleurs), pas de père concurrent pour moi. Il ne reste plus à l'enfant qu'à se rêver un père digne de ce nom. Bambi se découvre un père extraordinaire et pas concurrent puisque sa mère vient de mourir. Et ce père qui vient le chercher, c'est le grand dix-cors majestueux aperçu un jour d'hiver traversant l'allée sous les flocons de neige. Dans la vraie vie, l'enfant Bambi-Laurent sans père concurrent va devoir justifier la préférence de sa mère et dépasser son propre père dans la réalité et pas seulement dans le cœur de sa mère. Cela aboutit au même résultat que dans le complexe d'Oedipe. L'enfant doit surpasser son père mais en faisant l'économie du fantasme de le tuer puisqu'il est déjà « mort ». Je crois que cette situation familiale n'est pas si rare. Freud ne semble pas l'avoir connue. La Promesse de l'aube, de Romain Gary, illustre à merveille le syndrome de Bambi.

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