Photos de Laurent Mallet

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Le Grand Véfour, c’est mon ami Yves. Notre amitié débuta lors d’un tonus à Dreux dans un hôpital général où nous avions échoué, meurtris tous les deux par nos échecs aux concours d’internat prestigieux. Ce soir-là, nous nous ne nous étions parlé qu’en allemand. Il était interne en chirurgie et moi en médecine et nous passions nos gardes à jouer au scrabble. Plus tard, il se maria avec une infirmière dont l’exubérance venait compenser sa réserve. Ils eurent deux enfants et il débuta une brillante carrière à Saint Malo qu’il quitta pour faire plaisir à son épouse désireuse de se rapprocher de Chartres et de sa famille. Cela ne l’empêcha pas de demander le divorce avec un procès inique à l’appui. Je crois qu’aujourd’hui Yves n’a pas la force de revoir ses amis aux vies apaisées. Je respecte sa décision mais la regrette. Quand nous fûmes nommés à Paris, il venait souvent dîner à la maison et passer le week end en Sologne avec nous. Pour nous remercier, il nous invitait dans les plus grands restaurants de Paris dont Taillevent et le Grand Véfour. Son amitié me manque.

Le Grand Véfour, institution parisienne depuis le XVIIIe siècle, longtemps triplement étoilé, s’apprête à tourner une page. Guy Martin, qui avait racheté l’établissement en 2011, envisageait, fin 2019, de se réorienter vers une cuisine plus simple et moins coûteuse. Il va franchir le pas, après s’en être ouvert à une poignée de proches. Lorsque les restaurants rouvriront, les flâneurs du Palais-Royal découvriront un Grand Véfour ouvert du petit déjeuner au dîner, doté d’une terrasse de cent couverts. La carte n’aura plus rien à voir avec celle que connaissaient les habitués ou qui attirait jusqu’alors les touristes.

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