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Tata Monique

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Je me souviens d’un mois de juin idyllique chez, non pas ma tata, mais ma cousine Monique à Dreux. J’avais alors dix-huit ans et les lycées avaient déjà fermé. La vie de mes camarades était rythmée par les parties de tennis, les boums improvisées et les flirts. Mes cousins habitaient un peu en dehors de la ville à cette époque très agréable. Je faisais tous mes déplacements en solex et sans casque. Le parfum des draps roses dans lesquels je dormais est un autre souvenir merveilleux. Ah, j’ai oublié de signaler que, lassé des manifestations, je m’étais exilé chez eux en juin de cette année 1968.

Vingt heures, mardi 21 mai 2019, dans le quartier de La Sorbonne à Paris. Chez "Tata Monique", petit bistrot au charme désuet et repère à fêtard bien connu des habitants du quartier, l’odeur du houblon fermenté et les effluves de liqueurs anisées attirent habituellement une clientèle de noctambules. Ce soir-là, pourtant, les piliers de bar ont laissé place à un petit groupe d’une cinquantaine de personnes, étudiants pour la plupart, venus pour assouvir leur soif de connaissances. Ici, la curiosité n'est pas un vilain défaut. Dans la cave voûtée, située au rez-de-chaussée du bar, on parle de trou noir. Chemise blanche et mocassins, Pierre Fleury, cosmologiste et enseignant à l’Université de Genève, livre un exposé savant, en version accélérée, sur le fonctionnement de ces objets célestes pour le moins fascinants. "Par définition, un trou noir... est noir. Il ne réfléchit rien, ce qui le rend invisible dans l'espace. Voilà, vous savez tout !", lance le scientifique, âgé d'une petite trentaine d'années, provoquant l’hilarité générale dans l’arrière-salle bondée du bar. Et d'enchaîner sur la théorie de la relativité.

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